Dans la peau d’un penseur en RDCongo

Article : Dans la peau d’un penseur en RDCongo
Crédit:
29 mars 2013

Dans la peau d’un penseur en RDCongo

Conférence sur la paix a l'est de la RDC
Innocent Bora lors de l’exposé

La République démocratique du Congo, pays riche ou pays pauvre ? Difficile de faire un choix entre les deux tout simplement parce que la réalité démontre que son sol est effectivement très riche mais le peuple qui marche, dors, danse dessus est très pauvre.  Depuis prés de vingt années, la partie est de la RDC connait des atrocités qu’aucun autre État du monde n’a expérimenté avec plus de 6 millions des victimes.

A l’extérieur comme à l’intérieur du pays, les réflexions se développent pour qu’on arrive à changer cette situation désagréable en une paix durable que tous les congolais souhaitent et attendent à bras et cœur ouverts. Mais alors, jusques à quand devront-ils attendre, ces riches-pauvres congolais lorsque même les Nations unies ne sont pas à mesure de leur offrir ce pour lequel elles ont déployé une des missions les plus budgétivores et plus costaud au monde ? Cette question suscite très souvent la colère des beaucoup des congolais parce que d’habitude, les différentes réponses sont subjectivement donnée ou intentionnellement mal formulée par certains acteurs socio-politiques selon qu’il est de telle ou telle autre tendance.

Dans le souci de contribué à la formulation des réponses, nous avons présenté un exposé dans le cadre d’une journée de réflexion sur le processus de paix en RDC, organisée par l’Université du CEPROMAD au cours du mois de Février, en ville de Beni. Comme une pensée ne se construit pas pour être gardée dans une valise ou dans un tiroir, il faut donc la partagée. Le thème est ainsi libellé : « La MONUSCO face aux enjeux politiques du moment ».

Allons- y sans peur d’être fatigué parce que c’est … la lecture.

Nous estimons qu’il est essentiel d’aborder ce sous – thème après que nous ayons sondé le sens du concept de stabilisation, qui a donné naissance à l’appellation MONUSCO jadis connue sous le nom de MONUC.

MONUSCO est donc un sigle qui signifie « Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation du Congo ». Identifiée par le sigle ou symbole UN, la MONUSCO est l’organisation la plus visible sur toute l’étendue de la RDC, mais dont la mission est souvent mal ou alors moins bien connue par les congolais à tous les niveaux presque.

Etudiants, hommes politiques membres du gouvernement comme ceux de l’opposition, militaires, policiers, scientifiques, citoyens, hommes et femmes, jeunes et vieux, chacun  semble avoir sa définition du rôle que la MONUSCO est venu jouer / doit jouer en RDC, et cela, selon que l’on se trouve dans une région donnée ou dans un contexte donné. Cette connaissance insuffisante et parfois erronée du rôle de la MONUSCO lors des incidents fait que certains compatriotes, face a une situation complexe comme celle vécue à Goma en Novembre avec l’entrée du M23, et dans laquelle les congolais seraient en grande partie responsables, n’hésitent d’accuser cette Mission de l’ONU d’en être le vrai/faux responsable sans se poser la question sur sa mission et sur son mandat.

Il est surtout fréquent d’entendre les uns et les autres traiter la MONUSCO d’impartiale, de complice, de n’avoir pas défendu la population (pour n’est pas dire le territoire nationale), de n’avoir pas empêché la rébellion, les agresseurs ou les milices Mai-Mai de prendre le dessus sur l’armée régulière. C’est comme si la MONUSCO est venu pratiquement remplacer les institutions locale, l’armée nationale et la police, les services de sécurité intérieur et extérieur. En bref, assurer l’intangibilité des frontières et l’intégrité territoriale voire s’occuper de ce qui touche la souveraineté de la RDC.

Mais, rares sont les discours développés dans le sens, par exemple, de remercier la MONUSCO par la voie des médias ou alors de la féliciter pour avoir intervenu seule ou aux cotés des FARDC en vu d’empêcher aux rebelles de prendre le contrôle de certaines localités et villes dites sous contrôle, soit encore de reconnaître l’apport des casques bleus dans la reconquête de x ou y localité par les forces loyalistes.

La population ignorante et sous informée, malheureusement, considère les faits tels qu’ils lui ont été présentés et procède à des conclusions qui deviennent dans la suite, des thèses irréfutables sur le rôle de la MONUSCO dans la crise qui secoue l’est de la RD Congo.

Toute cette confusion est très souvent liée à la mauvaise interprétation du rôle de cette mission à différents niveaux. N’est – il pas dit : « lorsque l’on n’a pas ce que l’on veut, on prend ce que l’on a » ?

L’information étant un besoin permanent pour l’homme et qui doit trouver satisfaction même avant qu’il ne soit exprimé, le devoir revient plutôt à la MONUSCO par le canal de ses différents services de mettre régulièrement ces informations à la portée du public de manière à diminuer le territoire de la rumeur au sein de la population.

Quant à nous, le but est de partager la réflexion sur ce que nous pensons être réellement le rôle de cette mission de l’ONU partant du concept qui porte l’essentiel même du contenu de sa mission en RDC avant de toucher les enjeux politiques du moment.

Son rôle

Ainsi, comme nous l’avons signalé à l’attaque de notre exposé, le concept qui définit clairement le rôle de la MONUSCO c’est celui de STABILISATION.

Stabiliser signifie rendre stable ou encore équilibrer, arrimer, consolider, fixer, immobiliser, bloquer, figer. La Stabilisation est donc l’action de stabiliser, d’équilibrer, d’immobiliser, d’arrimer, de bloquer l’évolution d’une situation.

En considérant seulement cette définition, nous réalisons que la stabilisation ne consiste pas à mettre fin à un mouvement, à un conflit ou à une guerre, mais elle consiste plutôt à empêcher ou retarder son évolution, de manière à créer un équilibre des forces qui pourra soit favoriser une nouvelle action, soit la consolider. Il peut s’agir d’un dialogue entre parties, d’un processus de paix ou encore d’un processus reconstruction et de développement.

De ce sondage du concept de stabilisation, nous pouvons facilement comprendre sans trop imaginer ce qu’est réellement le rôle ou le mandat de la MONUSCO en RDC. C’est celui d’empêcher que le conflit persiste et permettre le renforcement des conditions favorables à la paix et l’unité nationale pour un développement. Ce qui est totalement différent d’une mission d’imposition de la paix moins encore une mission de défense de l’intégrité territoriale du Congo ni de sécurisation des populations congolaises et des institutions de la république bien que la protection des civiles fasse partie de son mandat. Ce devoir revient essentiellement au gouvernement à travers ses forces armées et tous les autres services de sécurité.

La MONUSCO ne fait qu’appuyer les institutions de la RDC dans les efforts pour l’instauration de la paix et de l’autorité de l’Etat sur tout le territoire national. Quelque soit les moyens mobilisés et les stratégies utilisées, la solution aux différentes crises que connait la RDC dépend principalement de la volonté du congolais lui – même c’est – à – dire de l’élite d’abord, notamment si elle en est consciente.

De la conscience naît un esprit d’ouverture, de dialogue sincère entre fils d’une même nation, mais aussi  de partage plus ou moins équitable des richesses du pays, de respect  et de vouloir faire respecter les droits de tous, ce qui constitue un baliseur vers une vraie paix, celle souhaitée par tous les congolais.

Nous devons donc apprendre à laisser la MONUSCO exécuter son mandat tranquillement tel que lui confiée par le Conseil de sécurité de l’ONU.

Notre rôle comme analyste faisant partie de cette élite au sein de la société civile est de rappeler à chacun ses responsabilités et lui demander des comptes lorsqu’il n’arrive plus à les assumer correctement. Penser que la MONUSCO est la pour faire tout, même ce que nous devrions faire mais que nous n’avons pas fait ou que nous avons mal fait, c’est vouloir maintenir le peuple congolais dans l’ignorance et ainsi lui faire croire que son malheur est provoquée par les autres. Agir de cette manière c’est pécher contre sa propre conscience et contre sa patrie.

Face aux enjeux

C’est quoi d’abord Un Enjeu ? Il s’agit de ce que l’on met en commençant à jouer et qui sera le prix du gagnant. C’est donc quelque chose que l’on peut gagner ou perdre lors d’une action.

Nous pouvons ainsi dire que les enjeux sont les objectifs à atteindre en matière de politique. En ce qui concerne la MONUSCO, sa politique n’étant pas éloignée des objectifs que poursuit le Conseil de sécurité de l’ONU par rapport à la situation qui prévaut dans la région des grands-lacs et plus particulièrement à l’est de la RDC.

Face au contexte politique actuel, la MONUSCO a encore plus à gagner qu’à perdre étant donné que l’allure et l’orientation que suivent les différents acteurs dans la démarche pour résoudre le conflit à l’est de la RDC n’est ni opposée, ni en dehors du circuit du conseil de sécurité. Nous observons certainement une implication des nouveaux acteurs dans le processus mais tous pensent que leurs efforts ne peuvent aboutir que s’ils bénéficiaient d’un mandat du conseil de sécurité qui est le patron de la MONUSCO.

Or, tous les objectifs poursuivis jusque la, que ce soit par la CIERGL, l’Union africaine ou encore la SADEC, ne visent que le rétablissement d’une paix durable en RDC et la sécurité dans la région, ce qui constitue la mission principale confiée à la MONUSCO.  Celle-ci ayant déjà élargi ses antennes sur toute l’étendue de la RDC et disposant d’une logistique suffisante sur le terrain, elle demeure un partenaire incontournable pour tout autre acteur qui voudra bien intervenir dans le but de faire asseoir une paix vu la grandeur du territoire mais aussi la multiplicité des groupes armées et milices actives dans la région.

Parlant du dialogue inter-congolais pour lequel les consultations ont commencé à Kinshasa, l’histoire politique de ce pays nous renseigne que les hommes politiques congolais n’ont jamais réussi à dialoguer sincèrement entre eux sans un médiateur international à leur coté c’est – a – dire sans qu’il y ait une pression extérieur. Le contraire ne constitue qu’une distraction pure et simple de l’opinion nationale et internationale parce que la démocratie est un concept apparemment qui n’existe pas encore dans leurs agendas politiques.

La présence de la MONUSCO, même si elle n’est plus souhaitée par une partie non négligeable des citoyens, les réalités démontrent clairement que rien de significatif n’est encore fait par nous – même congolais pour garantir la paix et la sécurité du pays une fois son mandat est fini. Il n’y a pas une administration organisée, pas d’armée organisée et capable de défendre le pays, absence des services clés et efficaces pour surveiller les mouvements à la frontière, processus démocratique très fragile, difficulté d’instaurer l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire, autant des problèmes qui laissent plus d’un observateur pessimiste sur l’opportunité d’un probable départ de la MONUSCO.

Il est donc impérieux que les responsables politiques congolais sachent se servir de cette mobilisation de la communauté internationale et régionale pour la cause du Congo afin de réorganiser son armée non seulement en l’équipant mais aussi en remettant de l’ordre dans la chaîne de commandement. C’est une responsabilité qu’on ne peut bien assumer que lorsqu’il y’a une volonté de stabiliser le pays pour l’amener vers un développement. Cela implique également une ouverture à toutes les forces politiques et un leadership fort, muni d’un potentiel intellectuel à la hauteur des défis politiques, économiques et sociaux de la Rd Congo.

Quant à la MONUSCO, elle doit savoir faire sa part à chaque étape de l’évolution de la situation dans le souci de graver dans les mémoires des congolais surtout et de l’opinion internationale qu’elle n’est pas ou n’était pas une mission inutile pour le Congo.

Innocent Bora

 

Partagez

Commentaires